La Convention Collective : L’Arlésienne ?
Les couloirs du Siège de La Poste bruissent d’une rumeur inquiétante : les patrons de La Poste envisageraient de mettre un terme à leur participation à la négociation d’une Convention Collective de la branche courrier.
Pourtant la loi du 20 mai 2005 fait obligation aux entreprises de ce secteur d’en négocier la création avec les organisations syndicales (voir ci-dessous).
Au bout de trois années de psychodrame ces négociations n’ont abouti qu’à un accord sur le dialogue social dans la branche. Accord que les patrons ont eu vite fait de bafouer – en tout cas l’un d’entre eux, voir ce qui s’est passé à Alternative Post !
Trois années qui ont été marquées par le refus d’entreprises, telle ADREXO qui, refusant une Convention Collective, a, un temps, claqué la porte et rompu les négociations.
Trois années supplémentaires pendant lesquelles les salariés des entreprises concurrentes de La Poste n’ont eu comme contraintes légales que le Code du Travail
- salaires au rabais, pas de couverture sociale, conditions de travail déplorables, temps partiel imposé
- ce qui leur permet de pratiquer des tarifs jusqu’à 40% inférieurs à ceux de La Poste !
Trois années pendant lesquelles les patrons de La Poste ont abusé de l’argument de cette concurrence pour réduire les emplois, ne pas augmenter les salaires, aggraver les conditions de travail !
Au bout de ces trois années, malgré l’obligation légale, il n’y a toujours pas de Convention Collective, et les patrons de La Poste voudraient mettre un terme à leur participation. En clair, si l’information ( de sources sûres comme on dit dans les milieux autorisés) est confirmée, les patrons d’une Poste transformée en Société Anonyme ne voudraient pas d’une Convention Collective imposant des normes plus progressistes que le simple Code du Travail.
Pour FO Com, l’explication est plus simple qu’il n’y paraît : elle emprunte deux directions. les concurrents de La Poste (ADREXO, DHL, Poste suisse, Press’Tissimo ….) pratiquant le « moins-disant social », ce sera le prétexte pour faire pression sur les salariés de La Poste et leur imposer modération des revendications et réduction des conquêtes. En clair, des reculs sociaux !
Lorsque les patrons de La Poste qui veulent dénoncer l’accord d’entreprise dénommé « Convention Commune » auront franchi ce pas, ils n’auront pas d’autres contraintes légales que l’application du seul Code du Travail. Ils pourront, espèrent-ils ainsi, réduire les coûts salariaux. Nul doute que la loi de transformation de La Poste en Société Anonyme, votée par les parlementaires, va les conforter dans cette révolution libérale !
Pour FORCE OUVRIERE Communication, qui se fixe comme obligation de défendre les intérêts des salariés de toutes les entreprises traitant du courrier (de toute nature), il faut une Convention Collective couvrant ce secteur
- pour donner des droits à ces salariés,
- fixer des normes de travail progressistes,
- fixer des salaires décents et leur progression
- organiser la protection sociale etc …
Pour FORCE OUVRIERE Communication, une Convention Collective dans ce secteur d’activité ne s’oppose pas à la « Convention Commune aux postiers », bien au contraire la « Convention Commune » doit servir de base de départ de la négociation de cette Convention Collective !
FORCE OUVRIERE Communication interpelle les pouvoirs publics, le Gouvernement, les parlementaires : « votre responsabilité est de faire respecter l’article 26 de la loi du 20 mai 2005 » (voir encart ci-dessous). « Votre silence deviendrait complice du désert social qui convient parfaitement aux entreprises qui se créent avec la disparition progressive du monopole postal sur la distribution du courrier. La catastrophe sociale (380 licenciements) vécue par les salariés d’Alternative Post ne doit pas se reproduire ! ».
Article 26
A compter du 1er juillet 2006, une commission paritaire formée de délégués des organisations syndicales représentatives au plan national des employés et des employeurs, convoquée la première fois par un arrêté conjoint du ministre chargé des postes et du ministre chargé du travail qui en fixe la composition initiale, les règles de fonctionnement provisoires et le premier
ordre du jour, se réunit afin de négocier une convention collective applicable aux salariés non fonctionnaires de La Poste et à ceux des entreprises titulaires de l'autorisation visée à l'article
L. 3 du code des postes et des communications électroniques.
Cette convention collective prévoit les conditions dans lesquelles les employeurs veillent au respect par leurs employés des obligations de secret professionnel imposées aux b et c de
l'article L. 3-2 du même code. Ces obligations et les modalités de leur respect sont inscrites dans le règlement intérieur des
entreprises soumises à la convention collective.