La Poste se recentre sur les activités rentables
La stratégie du groupe de privatisation des secteurs moins rentables va de pair avec la répression syndicale.
«Aucune autre poste n’a, semble-t-il, trouvé un meilleur modèle », déclarait Jean-Paul Bailly, PDG de La Poste, le 6 octobre 2010 dans le Figaro, à la veille de l’entrée de la Caisse des dépôts dans son capital. Depuis son changement de statut en société anonyme à capitaux publics, au 1er mars 2010, La Poste semble plus préoccupée par son modèle économique que par le progrès social. Cette augmentation de capital de 2, 7 milliards, soit 1,5 milliard provenant de la Caisse des dépôts et 1,2 de l’État, tout comme la hausse de 6,4 % du résultat net en 2010, n’a pas du tout profité aux salariés d’après les syndicats.
Désormais, la croissance du groupe est tirée par le colis et La Banque postale. Le courrier est relégué au second rang. Si le trafic a quelque peu ralenti avec la révolution numérique, c’est surtout une activité moins rentable. Dans ce contexte, les restructurations ou en langage poste, les «réorganisations» battent leur plein, notamment avec facteur d’avenir, instauré dès 2005, qui dépossède le facteur de sa tournée et ne remplace plus les absences.
De même, la filière courrier est en plein « refondement », des réorganisations se déroulent à tour de bras dans les centres financiers.
Les syndicats comptent 13 800 suppressions d’emplois cette année, 50 000 d’ici à 2015. Si les organes syndicaux exhortent La Poste à reconnaître un plan social déguisé, l’ex-PTT leur répond par la répression. (…) un durcissement de la répression syndicale constaté spécifiquement depuis facteur d’avenir.
L’affaire des postiers de Bordeaux-Bègles a aussi marqué un tournant. En 2005, treize syndicalistes SUD et CGT avaient été traînés devant la justice pour séquestration. D’après eux, ils s’étaient juste réunis en CHSCT pour discuter des restructurations en cour et avaient empêché la direction de sortir tant qu’elle n’était pas assise autour de la table.
Dix syndicalistes ont finalement été condamnés à des peines beaucoup moins lourdes que celles requises par La Poste.
Pourtant, ces méthodes dissuasives n’entament pas la volonté d’action des salariés. (…) La Poste croit que c’est de cette façon elle va décourager les salariés, mais s’ils sont empêchés de s’exprimer, leur mécontentement se généralise.
Dans sa nouvelle stratégie, La Poste a peut-être oublié simplement de prendre en compte la capacité d’indignation de ses salariés.