La position dite commune :
c’était le 9 avril 2008 !
Ce jour là, CGT, CFDT et patronat signaient, non pas un accord qui, de fait, aurait été minoritaire, mais une position … commune … aux seuls
protagonistes !
Objectif à peine caché à l’époque, et plus du tout aujourd’hui : se partager l’échiquier syndical entre la CGT et la CFDT ; en échange
de quoi, les syndicats signataires acceptaient le principe de renvoyer la négociation au niveau des entreprises afin d’aboutir à des accords dérogatoires à la loi et aux conventions collectives
nationales. Une page noire du syndicalisme français était en train de s’écrire ; et voici pourquoi :
Le principe de faveur :
liquidé !
Ce principe, dit de faveur (ou hiérarchie des normes), protégeait et améliorait les droits, du niveau
national au niveau de l’entreprise, visait à assurer un socle d’égalité des droits des salariés (grandes ou petites entreprises) ainsi que le progrès social par la négociation collective.
Avec la position commune, un accord d’entreprise peut être en dessous d’un accord national ou de la loi. C’est la fameuse dérogation !
Du concret dans l’article 17 du texte : CGT et CFDT ont concédé le droit de déroger à l’accord de Branche pour dépasser le contingent
d’heures supplémentaires, se pliant ainsi à l’injonction des patrons et du gouvernement. Ce dernier, d’ailleurs, voyant la porte entrouverte, s’était engouffré dedans en élargissant la dérogation
à la loi sur les 35H. Mme Parisot, patronne du MEDEF, déclarant alors : « Ce que nous avons fait avec les organisations CGT et la CFDT est
extraordinaire. Elles ont accepté de considérer qu’enfin, la durée du travail n’était plus un tabou ».
La représentativité syndicale : un véritable
Yalta !
Si FO était d’accord pour actualiser et réviser de manière régulière la représentativité des syndicats pour tenir
compte de l’évolution de leur influence, ce n’était pas pour échanger de nouvelles règles du jeu contre un recul des droits des salariés, des droits syndicaux et de la démocratie.
En changeant les règles du jeu, CGT et CFDT espéraient bien réduire la pluralité syndicale à sa plus simple
expression, et ainsi étouffer à terme tous les autres syndicats, notamment les plus petits. Pourtant, la pluralité, n’est-ce pas la liberté pour les salariés de choisir leur
syndicat ?
Nous avons assisté là à un véritable Yalta avec la bénédiction du patronat !
Mais, direz-vous, nouvelles règles de représentativité pour les syndicats = nouvelles règles de représentativité pour
la patronat ?
Que nenni ! Le patronat qui est éclaté en plusieurs syndicats patronaux ne s’est vu octroyer, lui, aucune règle. Ce qui est bon pour les
syndicats ne l’est pas pour le patronat !
Atteinte au droit syndical !
Un grand acquis de 1968 est passé en même temps à la trappe : celui pour n’importe quelle organisation syndicale dite représentative de
pouvoir désigner un Délégué Syndical (celui qui négocie avec le patron) dans une entreprise. On savait que ce n’était déjà pas facile de trouver
un militant qui aille au charbon ; voilà que maintenant, la position dite commune, traduite depuis dans la loi du 20 août 2008, l’interdit, tout simplement, si le DS n’obtient pas les fameux
10% ! Cà va devenir difficile de s’implanter syndicalement dans une entreprise : encore un joli cadeau au patronat !
Les frères siamois ne se séparent jamais
…
… même quand ils sont en désaccord !
On notera que CGT et CFDT sont loin d’être d’accord sur le fond des dossiers. Pourtant, on les voit régulièrement ensemble en tête de cortèges ou
sur les plateaux de télévisions, comme au moment de la dernière contre réforme des retraites. Cette unité de façade est une posture qui cache des désaccords de fond au nom de la position dite …
commune !
Ainsi, la CFDT est pour une réforme systémique des régimes de retraite, autrement dit pour la mise
en place d’un régime par points ou par comptes optionnels, régime qui met le doigt dans l’engrenage de l’individualisation, tourne le dos à la solidarité intergénérationnelle, et ne peut
qu’aboutir à une nouvelle baisse des retraites, la valeur du point pouvant varier au gré du vent !
La CGT semble avoir une position plus proche de FO : pas de remise en cause du régime par répartition, régime qui a fait ses preuves en
terme de solidarité. On notera même certaines similitudes dans les propositions de financement, propositions que FO a faites en son temps lors de l’ouverture du débat sur la réforme des
retraites.
Conséquence de cette posture de façade : alors que FO proposait que l’ensemble des organisations syndicales lance un mot d’ordre de grève
franc et solennel, CGT et CFDT sont restés collés et ont promené les salariés de manif en manif jusqu’à …
Le président Sarkozy et la patronne du MEDEF, Madame Parisot, auront réussi au moins une réforme : celle sur la représentativité syndicale …
en affaiblissant le mouvement syndical. Ce qui est consternant, c’est que la CGT et la CFDT se soient vendues en vue d’étendre « leurs parts de marché » !
Le 9 avril 2008, il s’est agi avant tout d’arrangements entre appareils visant à renouveler le paysage syndical.
Quelles que seront les suites, Force Ouvrière continuera de tenir sa place.
FO est née de la volonté de défendre les libertés individuelles et collectives, et l’indépendance syndicale pour la solidarité et le
progrès social.
Personne ne nous fera taire !