La Poste regroupe les boîtes dans les zones isolées, au grand dam des habitants
Au Beaucet, dans le Comtat Venaissin, Marie-Hélène Chambrette, probablement la plus éloignée, vient chercher son courrier en
voiture, mais pas tous les jours.
Photo Valérie Suau
Le facteur à vélo qui apporte le courrier sur la table de la cuisine est clairement une image d'Epinal aujourd’hui. Dans le petit
village du Beaucet, dans les Monts de Vaucluse, une dizaine d'habitants isolés en font l'amer constat. Au début de l'hiver, sur demande de La Poste, la municipalité a regroupé toutes leurs boîtes
aux lettres au début du chemin de Fraischamp.
Résultat des courses, ils doivent prendre leur voiture et parfois faire jusqu'à un kilomètre pour relever leur courrier. Andrée Filloz ne décolère pas. « Nous avons plus de 75 ans, mon
mari ne marche plus. Avant, la boîte était à notre porte, maintenant elle est à plus de 400 mètres. Or, la loi prévoit qu'elle doit être en bordure du chemin communal à l'entrée de la
propriété. »
Cette Beaucetaine a donc écrit à la direction de La Poste et au maire en ce sens, pour qu'on revienne en arrière. Et attend la réponse. « Nous sommes dans le cas d'un chemin communal
certes, justifie Laurent Miralles, responsable de communication de La Poste, mais qui est étroit, non-carrossable, où les voitures ne peuvent ni se croiser ni faire demi-tour. C'est donc
pour assurer la sécurité de nos agents que La Poste a fait ce choix ».
« Ce n'est pas insurmontable, nuance Bernard
Santacruz, un autre riverain qui habite à 700 m de sa boîte, mais ce n'est pas agréable. Avant, on voyait le facteur tous les jours et cela nous rassurait. » « Pour moi, c'est une
gêne, argumente encore Colin Guillemot, les recommandés ne sont plus livrés, on est obligé d'aller les chercher. Un facteur qui ne vient plus, c'est un lien social qui se casse
doucement ».
« On est dans le rationnel et le libéral »
L'habitante la plus éloignée, Marie-Hélène Chambrette, vient justement prendre son courrier. Avant, elle allait au bout de son
chemin privé, à 200 mètres de la maison, mais maintenant, elle a 2 kilomètres aller et retour à faire.
Elle ne vient pas chaque jour et cela devient un problème lorsqu'elle attend un courrier particulier. Le maire, Roger Bouvier s'étonne de ce mouvement de protestation : « En descendant
faire ses courses, on passe forcément devant sa boîte, ce n'est quand même pas un problème ! Cette mesure améliore les conditions de travail du facteur, elle va lui faire gagner du
temps »...
« Mais on sait bien que cela s'accompagne d'une réduction des effectifs ! », s'emporte la chevrière qui s'inquiète surtout pour « l'avenir du service public »
dans les zones rurales. « Ce n'est pas la peine que La Poste fasse du baratin sur la nécessité de maintenir du lien social ; maintenant on est dans le rationnel et le
libéral. » Une tendance que les syndicats de facteurs confirment.
« La Poste prévoit de rapprocher 3 % du parc des boîtes chaque année, affirme Bruno Verdi, secrétaire départemental de Sud PTT. Le but est une économie de carburant mais aussi
un gain de productivité. On est dans une logique purement comptable. Le temps que le facteur va gagner va lui permettre d'étendre sa tournée ou de faire autre chose ». Il ajoute que les
facteurs ont des objectifs de vente de « produits-courriers » (carnets de timbres, lettres pré-timbrées...). « Comment va-t-il faire s'il n'a plus l'occasion d'aller chez les
usagers ? »
Martine Quinette
Source : http://www.laprovence.com/ publié le 19/01/2013
Nb : « En descendant faire ses courses, on passe forcément devant sa boîte, »... Avec ce raisonnement La Poste et la
mairie devrait poser les boites devant la boulangerie... Une fois encore, il est évident que La Poste, au-delà de la propagande (Pubs !),
n’agit plus en termes de service public… Il appartient aux citoyens de s'opposer à cet arbitraire, de montrer leur mécontentement et de participer à
nos efforts pour maintenir le lien social qui existait avec le facteur, notamment le service qui était rendu aux personnes âgées isolées (gratuit !)…