Social. Les commerciaux de la Banque postale étaient en grève le 04 juin dans le Var afin de
dénoncer des conditions de travail qui se détériorent un peu plus tous les jours
(Article de La Marseillaise).
Sur la place de la Liberté. Ils sont une petite centaine de personnes à s’être donné rendez-vous. Quelques drapeaux donnent le ton : un s’agit d’un rassemblement mené dans le
cadre d’une journée d’action à la Poste. Pour une fois, ce ne sont pas les facteurs qui se mobilisent, mais bien les commerciaux de ce que l’on appelle maintenant la Banque
postale. A l’appel de la CGT, de la CFDT et de FO, ils sont en grève pour exprimer leur ras-le-bol. Ils sont gestionnaires de patrimoines, conseillers financiers (Cofi),
conseillers clientèle, ou alors, en bas de l’échelle, gestionnaires de clientèle. « Le malaise arrive à son paroxysme. Comme tous les agents de la boîte, nous sommes pressés
comme des citrons par notre direction. Maintenant, ça suffit ! », dénonce une conseillère. Justement, les grévistes comptent apporter des citrons à leur direction qui se verra
décerner, non sans humour, un « citron d’or » symbolisé par l’agrume en pot… Que se passe-t-il à la Banque postale ? « Aujourd’hui, les 163 salariés des forces de vente sont en
grève parce que les conditions de travail se détériorent chaque jour un peu plus. Le mal-être n’est pas récent, mais l’annonce par la direction de baisser les commissionnements
des conseillers financiers alors que la charge de travail ne cesse d’augmenter a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », expliquent Monique Negrel et Joëlle Ipotesi
(représentantes syndicales CGT et FO). Et les choses se sont compliquées avec la création de la Banque postale. « Il y a un problème d’effectifs qui ne cessent de baisser, même
si la direction le nie. Là où un conseiller financier était aidé de trois assistants, il est maintenant tout seul », poursuit Monique Negrel. « Et ce avec une charge de travail
qui augmente. Le problème c’est que La Poste ne mesure pas le travail annexe : la paperasserie, l’information ou les formations que sont obligés d’assurer les conseillers sur
les nouveaux produits », ajoute Patrick Carpentier (CGT). Produits qui ne cessent de proliférer depuis la création de la Banque postale, en plus des assurances, ouvertures de
comptes CCP, livrets A ou autres SICAV…
Des objectifs de vente fixés non réalisables
« La direction fixe des objectifs qui ne sont pas réalisables, sans tenir compte de la réalité du terrain. Il faudrait placer un produit par jour, mais qu’est-ce que l’on fait
du suivi quotidien des portefeuilles des clients qui n’est pas considéré comme du temps de travail ? », s’interroge un adhérent de l’Amicale des vendeurs de la Poste. « Il faut
savoir qu’un agent bancaire suit 300 clients alors les conseillers financiers de la Poste en ont entre 1000 et 1200 », poursuit-il. « Les salariés sont soumis à un stress qui
n’arrête pas de grandir. Cela se traduit par des départs en maladie. Ca aussi, la Poste ne le prend pas en considération », dénonce Joëlle Ipotesi. « Nous n’avons aucune
reconnaissance. De plus, on ne peut pas progresser parce que les avancements ont tendance à se faire à la tête du client », renchérit Patrick Carpentier. Un agent témoigne : «
Je suis un ancien gestionnaire de patrimoine. Fonctionnaire, à 50 ans, on m’a redescendu au rang de conseiller financier au prétexte que je ne faisais pas ce que l’on me
demandait, que je n’atteignais pas les objectifs fixés par la direction. A terme, mon poste est menacé de suppression. Mais c’est encore plus dangereux pour les salariés de
droit privé : s’ils ne remplissent pas leur contrat, c’est un motif de licenciement. » Les revendications portées hier à la direction départementale concernaient ces conditions
de travail, la hausse des commissionnements, l’emploi ou encore les salaires. « Mais avant tout c’est du respect que l’on demande de la part de la direction. On voudrait que
l’on soit reconnus pour le travail que l’on fournit », conclut Patrick Carpentier.
La direction départementale n’a pas reçu les manifestants.
Le 4 juin dans le Var, le taux de gréviste était pourtant de 70%.
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