INFO - ECONOMIE - La facture pourrait être salée...
La messe est dite. La banque franco-belge Dexia va être démantelée. 20Minutes fait le point sur les conséquences financières de l’opération.
Comment Dexia va-t-elle être découpée?
Le groupe était né de la fusion en 1996 du Crédit communal de Belgique, une banque de détail, et du Crédit local de France, spécialiste du financement des collectivités locales. L’Etat belge, moyennant environ quatre milliards d’euros, va récupérer le premier, rebaptisé depuis Dexia banque Belgique. Le second, qui s’appelle aujourd’hui Dexia Municipal Agency, sera repris en grande partie (65%, contre 35% pour Dexia et 5% pour la Banque postale) par la Caisse des dépôts et consignations (CDC), contre un chèque de plusieurs centaines de millions d’euros. Le bras armé financier de la France serait chargé de gérer un portefeuille de plus de 70 milliards d’euros, surtout constitué de prêts aux collectivités locales. De son côté, la Banque postale reprendra, en majorité, la partie dédiée au financement des collectivités. La CDC prendrait tout de même 35% du capital de cette nouvelle filiale. A l'issue du démantèlement, Dexia deviendra ce qu’on surnomme une «bad bank». Une structure dite de «défaisance» où seront logés plus de 90 milliards d’euros de prêts dont quelques milliards de dettes grecque, espagnole et italienne.
Quelle sera la garantie apportée par les Etats sur la «bad bank»?
Après d’intenses négociations, la Belgique va prendre en charge 60,5% de la garantie, la France 36,5% et le Luxembourg 3%. Cette garantie s’applique aux conditions de financement de Dexia et non pas à ses actifs. Elle s’appliquera aux nouveaux emprunts de Dexia pour lui permettre d’attirer des investisseurs disposés à lui prêter.
Pour quel coût?
Si tout va bien, la garantie ne devrait rien coûter aux Etats. Une garantie similaire avait déjà été accordée à Dexia en 2008 et elle leur avait permis d’en récolter les fruits grâce à la prime qu’avait versée la banque en contrepartie de ce soutien.
François Baroin a d’ailleurs martelé la semaine dernière que cela ne pèserait pas sur notre endettement. En effet, ce type de garantie n’est pas intégré dans le calcul de la dette publique. Mais elle n’est pas sans risque. Si Dexia venait à ne pas rembourser un emprunt, les Etats devraient le faire à sa place.
Pour l’instant, les agences de notation ne s’alarment pas. «Le plan de sauvetage de la banque Dexia n'a aucun impact pour le moment sur la note souveraine de la France, la meilleure possible, avec une perspective stable», a déclaré ce lundi l'agence de notation Moody's. Dans son sillage, Standard & Poor's confirmait la note «AAA» de la France avec une perspective stable. Pas d’inquiétude donc pour le moment…
Quid de la CDC et la Banque Postale?
Ça grince déjà des dents dans les deux camps. La CDC va se retrouver avec 65% de Dexia Municipal Agency. Seul hic, comme le rappelle Libération ce matin, on retrouve parmi ses actifs «une vingtaine de milliards des fameux emprunts toxiques» à destinations des collectivités locales. «Le risque n’est pas tant le défaut de remboursement, mais plutôt l’explosion judiciaire (huit à ce jour) lancées par les collectivités locales, étranglées par ces emprunts», souligne le quotidien. Pour faire passer la pilule, une garantie de l’Etat de 5 milliards d’euros aurait été proposée. Insuffisant, selon une source de Libération, pour qui le montant de la garantie devrait au moins être deux fois supérieur.
Pour sa part, la Banque postale hérite de l’activité de financement des collectivités. Et déjà, des interrogations se font jour. Comment va-t-elle financer ce nouveau métier? «Saura-t-elle canaliser le millier de salariés de Dexia qu’elle devrait récupérer, dont certains spécialisés dans les prêts toxiques?», se demande Libération. Décidément, le dossier Dexia est truffé de bombes à retardement.
Quel avenir pour les salariés?
Les quelque 600 employés de la holding Dexia SA, la maison-mère de la banque franco-belge, se verront offrir un reclassement dans l'une des filiales du groupe. Selon leur situation géographique, ils auront le choix d’intégrer la filiale belge Dexia Banque Belgique, la filiale française Dexia Crédit Local ou l'entité luxembourgeoise Dexia BIL.
M.B.
Source: http://www.20minutes.fr/economie/