Courrier : Facteur-guichetier (suite...), une expérience éphémère…
Aucun élu ne souhaite que nos bureaux de poste ferment, tous les maires veulent que ce soit des postiers qui assurent ce service dans les communes ; En effet, partout, les élus ont une grande tradition de lutte ou de résistance autour de ces objectifs. Il faut dire que cela fait des années, quelle que soit la couleur du gouvernement en place, que les attaques se succèdent, au fil des transpositions des directives européennes. Le résultat, quelque soit le département est déjà effrayant, sur 17000 points de contacts poste avec le public, Il y a déjà près de 6000 agences communales et relais commerçants poste. Ce maquillage insidieux se poursuit, de plus en plus, l'usager croit entrer à La Poste mais il met les pieds ailleurs…C'est le Canada Dry Postal…Cela ressemble à un bureau de poste, mais ce n'est plus un bureau de poste et le service rendu n'est pas le même, ni en qualité, ni en quantité…
Au plan national, 80 000 emplois de postiers ont été supprimés en 5 ans. Voici que dans l’Aude, la direction départementale de la Poste propose une expérience dans trois villages : faire effectuer le travail de guichetier et de facteur par la même personne. Cela a existé dans le passé, et ces personnels s'appelaient receveurs ruraux. La Poste, en centralisant la distribution sur le chef-lieu de canton, a créé une situation où ces postes ont été supprimés et elle a pu forcer la main aux communes pour créer des agences postales communales ou des points poste. S'agit-il aujourd'hui, pour elle, de faire marche arrière ?! Pas du tout. En fait, la dernière directive postale ouvre la possibilité de faire distribuer le courrier par des agents communaux ou des personnels du privé. Il s'agit donc, pour la Poste, sous une forme habile, en se désengageant peu à peu, de se débarrasser à terme sur le dos des communes de la distribution du courrier en zone rurale ! Certes, cette expérience est présentée comme protégeant les bureaux de poste. Sauf que la directrice départementale de la Poste annonce elle-même que ça n'ira pas plus loin que 2013… dans le meilleur des cas.
Même si les élus feront certainement bloc pour sauver ces bureaux de Poste, au plan national, il y a un moyen bien simple pour cela : abroger la loi de privatisation de 2008 et rétablir le monopole public. Les députés et sénateurs PS, qui se sont livrés à une guérilla d'amendements au moment de la loi de privatisation, sont maintenant dans la majorité y compris dans les deux assemblées. Pourquoi ne font-ils pas cette proposition ? Bien sûr, cela signifie que, sur ce point, on rompt avec la politique de l'Union européenne. Mais si on veut maintenir nos services publics, nos usines, voire notre identité… et notre souveraineté, y a-t-il une autre voie ?!