La Commission européenne vient « d’approuver » deux compensations d’Etat consacrées à des missions de service public dévolues à La Poste, la distribution de la presse et la présence territoriale. Cette approbation confirme un principe et valide des montants. Mais elle ne rassure qu’en apparence.
Tout d’abord parce qu’elle admet que ces aides sont loin de couvrir le coût réel du service rendu : en réalité, sur les périodes concernées, le déficit cumulé s’élève à -410 millions pour la présence territoriale (2013-2017) et à -975 millions pour la presse (2013-2015).
Ensuite, parce que la Commission n’a pas évoqué deux missions essentielles, l’accessibilité bancaire dont la réévaluation du financement est en cours de négociation à Bercy et surtout le service universel du courrier. Jusqu’à présent, le coût de ce dernier, estimé à 470 millions, ne bénéficiait d’aucune subvention : il était « absorbé » par les recettes. Depuis fin 2013 ce compte est passé dans le rouge et pourrait afficher un déficit de -400 millions en décembre 2014.
Et pendant ce temps, que fait l’Etat ? Progressivement, soit de façon contractuelle, soit unilatéralement (comme pour la presse en 2013 : -84 millions), il rabote deux aides sur trois tout en oubliant le service universel. Il semble que prime un déni de la réalité. Les décisions tardent à venir. Or, si rien n’est fait, le « déficit résiduel » global atteindra près de 900 millions par an.
Les difficultés économiques de La Poste sont connues. Si la manne du CICE est un analgésique dont l’effet finira par s’éteindre, il ne doit pas être un prétexte pour l’inaction. C’est l’avenir des postiers et le service rendu aux citoyens qui sont en cause.
A diverses reprises FO a alerté sur la gravité de la situation. Il est urgent que les pouvoirs publics fassent un choix : soit financer correctement le service public postal, soit en réviser les périmètres. Telle est l’alternative dont seule la première branche est acceptable aux yeux de FO.
Si l’attentisme perdure le problème postal ne sera plus seulement économique et social, il deviendra également politique.
Paris, le 27 mai 2014
Le Secrétaire Général
Jacques DUMANS