PARIS (AP) — Deux
ans de plus. Tous les salariés nés à compter du 1er janvier 1956 devront désormais attendre l'âge de 62 ans pour bénéficier d'une retraite à taux plein, contre 60 ans jusqu'à présent, avec
l'entrée en vigueur, vendredi, de la nouvelle réforme voulue par Nicolas Sarkozy. Elle avait été dénoncée par un mouvement social de grande ampleur en 2010.
Les salariés nés entre le 1er juillet 1951 et 1955
voient leur âge légal de départ reculer de plusieurs mois dès vendredi, quatre mois pour les premiers.
La contestation de cette réforme avait pris de
l'ampleur à partir du mois de juin 2010, atteignant son apogée le 12 octobre avec entre 1,2 et 3,5 millions de manifestants dans les rues de toute la France, un record. Les syndicats dénoncent
depuis l'année dernière une "réforme injuste et inefficace", selon eux, qui "fait peser tous les efforts sur les salariés alors qu'ils ne sont en rien responsables de la
crise".
Le gouvernement, de son côté, a défendu tout au long
de la réforme le fait, selon lui, qu'il s'agissait d'assurer le financement du système des retraites par répartition et son retour à l'équilibre d'ici à 2018, contre 32 milliards d'euros de
déficit actuellement.
La loi, promulguée le 10 novembre dernier, aura des
effets immédiats puisque dès ce 1er juillet selon les nouvelles règles, tous les salariés nés entre le 1er juillet 1951 et le 31 décembre 1951 inclus et qui auraient envisagé de partir cet été à
la retraite devront attendre quatre mois de plus.
Ceux nés en 1952 voient dès vendredi leur âge de
départ passer à 60 ans et 8 mois, 61 ans pour ceux nés en 1953, 61 ans et 4 mois pour ceux nés en 1954, et 61 ans et 8 mois pour les salariés nés en 1955.
La durée de cotisation pour une retraite à taux plein
sera relevée d'un trimestre en 2013 pour atteindre 41 ans et trois mois.
L'âge permettant de bénéficier d'une retraite à taux
plein sans avoir le nombre d'années de cotisation requis est aussi repoussé de deux ans, selon la même progressivité, passant de 65 à 67 ans.
Le taux plein à 65 ans reste en vigueur pour les
personnes handicapées et celles nées entre le 1er juillet 1951 et le 31 décembre 1955 ayant élevé au moins trois enfants et "interrompu ou réduit leur activité professionnelle" pour élever au
moins l'un de ces enfants.
Une possibilité de départ anticipé à 60 ans est
maintenue au titre de la "pénibilité" pour les personnes "justifiant d'une incapacité permanente d'au moins 20% au titre d'une maladie professionnelle ou d'un accident du travail ayant entraîné
des lésions identiques à celles d'une maladie professionnelle", selon le ministère du Travail.
Les personnes "justifiant d'une incapacité permanente
comprise entre 10 et 20% à condition de pouvoir justifier qu'elles ont été exposées, pendant une durée minimum" de 17 ans, "à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels" peuvent également
faire valoir ce droit.
Outre le report de l'âge de départ en retraite, ces
dispositions très restrictives au titre de la pénibilité ont suscité de vives protestations du côté des syndicats et des associations de soutien aux salariés touchés par des maladies
professionnelles.
"Une durée d'exposition de 17 ans, c'est très long.
Et ça n'a pas de rapport avec la durée réelle d'exposition qui peut avoir un impact sur l'incapacité ou l'espérance de vie. On ne prend pas en compte les personnes qui partiront à la retraite en
bonne santé apparente et développeront une maladie, par exemple un cancer, quelques années après, directement lié au risque professionnel", (…).
Du côté des fonctionnaires, les syndicats dénoncent
la fin de certains dispositifs -comme celui qui permettait aux femmes ayant élevé trois enfants de faire valoir leurs droits à la retraite après 15 années de service- ou encore l'alignement du
taux de cotisation de la Fonction publique sur le privé.
"On aura maintenant du mal à agir sur certaines
dispositions vu que la machine est lancée", a déclaré à l'Associated Press la secrétaire générale de la Fédération syndicale unitaire (FSU), Bernadette Groison. "Mais", a-t-elle ajouté, "je pense
que les syndicats peuvent essayer de faire en sorte que le dossier soit rouvert. Cela fera partie des questions que l'on posera aux différents candidats en vue de la
présidentielle".
"A 85%", (…) "cette réforme, qui ne règle rien à long
terme, repose sur les salariés et ce sont principalement les plus faibles d'entre eux qui en sont les premières victimes: ceux qui ont commencé à travailler le plus jeunes, et les personnes qui
n'ont pas de carrière linéaire".
Source: http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/social/